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jeudi 27 juin 2019

Culture : des silences et des cris - Arthurine Vincent






La culture passe aussi par le plaisir de découvrir ce que réalisent d'autres artistes et c'est un univers particulier dans lequel j'ai plongé le temps de lire le livre D'arthurine Vincent : des silences et des cris des éditions La danse des mouettes.

Parsemés de nouvelles, de peintures de l'auteure et d'un autre artiste, Marjan, de textes courts, qui tous, étreignent profondément, instaurent un certain malaise et surtout, m'ont fait ressentir beaucoup d'empathie vis-à-vis de ces âmes enfermées à l' hôpital psychiatrique...






Ces écrits laissent des traces et posent question sur ce que peut être ce genre d'endroit vu de l'intérieur. Y entrer de cette façon et se rendre compte de ce que peut ressembler des journées qui se succèdent et se ressemblent toutes, en laissant au passage le sentiment d'être chanceux de n'y avoir jamais mis un orteil, même quand tout semblait sans espoir... 

Je m'interroge sur cette supposée folie. 
La faiblesse de n'être que des êtres humains qui perdent pied momentanément. 
Mais sont-ils vraiment fous ?
On peut tous être fou à un moment donné, non ?
Chacun de nous peut sombrer, descendre si bas que tout semble incongru même l'idée de vouloir s'accrocher à la vie... 
Les médicaments et l'isolement sont-ils vraiment une solution ? Ces personnes ont-elles vraiment besoin de ce genre d'accompagnements ? N'y aurait-il pas une autre façon de faire ? Tout cela m'interroge et j'ai mon idée. 



Dire que ce livre m'a touchée n'est pas assez proche de la vérité. Il m'a troublée, la colère est montée par moment. Et l'écriture est fluide, belle ; libre au fond. 

Les peintures sont toutes poignantes comme les quelques photos qui jalonnent le livre et qui dépeignent la souffrance ressentie. 

Tout cela a fait remonter un tas de souffrances personnelles, des pensées similaires à celles de ces "détenus", des choses glauques où l'art m'a permise de tenir bon grâce à l'écriture, au dessin, à l'expression de mes émotions. 

Mais grâce également aux amis qui savent être présents dans ces moments de tortures mentales. 
Nul besoin d'enfermement, nul besoin de médicaments. 
Pour les cas plus "graves", là encore, j'ai tendance à penser que d'autres solutions pourraient être envisagées. 


Ton silence est plein de mots -
Arthurine Vincent

Dans mes moments sombres, j'ai pu remonter grâce à mes dessins et peintures. En laissant s'échapper mes larmes, mes pensées, et mes émotions bloquées. Et j'étais libre.

Et je suis toujours là pour en témoigner.

Âme délicate -
Amani Lizah Glaise
Âme Immolée -
Amani Lizah Glaise
Ectoplasme -
Amani Lizah Glaise
Merci à l'auteure du livre que j'apprécie beaucoup. 
Son livre et son art sont un trésor à mes yeux.


mercredi 3 avril 2019

Du jugement au glaive - Pitié, ne frappez pas !




Quand on créé, on est forcément confronté au regard extérieur et par extension, aux critiques multiples et variées. Je surfe assez souvent sur la toile et les réseaux sociaux pour considérer régulièrement la façon dont sont accueillies les œuvres en général et les miennes, cela va sans dire. 

Je pense qu'il est important d'être bien "armé" psychologiquement pour recevoir les avis, les conseils souvent gratuits et les critiques d'autrui, que ces regards soient ceux de fins connaisseurs ou pas. C'est une chose difficile quand l'hypersensibilité surgit, et en fait, elle se tapit en permanence au fond de celui qui créé avec ses tripes, et sait ne pas se faire oublier à un moment, qu'il soit opportun ou non.

Est-ce de la susceptibilité quand un artiste/créateur réagit plus ou moins bien aux critiques/avis/conseils gratuits ?

Alors, pour ne pas perdre la cadence de ma production artistique et ne pas sombrer dans des doutes qui me feraient stagner (En perdant une journée de travail au passage, tellement ma sensibilité est à fleur de peau), j'essaye tant bien que mal de ne pas m'appesantir sur les avis ou les conseils parfois pas si bien avisés que cela.

J'avance progressivement et j'expérimente surtout. Ma manière de travailler peut plaire ou déplaire. On peut être séduit par ma façon spontanée de créer, car comme je l'ai mentionné souvent ici, j'aime particulièrement faire participer mon instinct et mes ressentis. Je reste ouverte aux commentaires de toute nature, mais souvent moins aux conseils gratuits. Je préfère garder la possibilité d'aller les chercher plutôt que de les recevoir sans m'y attendre, afin que, subtilement, celui qui les donne puisse si aisément se sentir supérieur. Ou bien, si vraiment il est utile à mon développement que j'en reçoive, plutôt que de me les imposer, merci de me les proposer au préalable. Ce sera accueilli  différemment. 

Je m'aperçois que les réactions abruptes, sans détours, parfois même sans intérêts du genre "C'est moche", ou "C'est vulgaire" sont légions. Je ne dis pas que ces remarques m'aient été faite, mais je les ai vues très souvent pour d'autres artistes/créateurs. Je ne saurai dire si toutes ces productions sont purement artistiques, toutes ne me plaisent pas, mais elles sont là ; elles existent et même si je ne ressens rien de spécial, je les respecte comme je respecte leurs auteurs. On n'est pas tous sensibles aux mêmes choses et si ça ne me parle pas, eh bien, je passe mon chemin.

On dit souvent que l'art amène des réactions et qu'il faut accepter les critiques pour avancer sur cette voie, afin de s'améliorer. Je me demande à quel point se montrer grossier et méprisant amène forcément à se dépasser. Je trouve, au contraire qu'on s'attaque à l'estime personnelle et c'est une attaque qui me semble gravissime. L'estime de Soi est primordiale et personne n'aime se sentir diminué par un tiers. Je reste sur cette règle d'or très utile : "Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse". 

Quand j'apporte un élément de réponse à une question posée par le créateur, j'essaye au maximum de me montrer objective et responsable de mes mots et interactions. Je m'efforce de me montrer respectueuse et de l'oeuvre et de son auteur, même si l'ensemble ne me séduit pas pour diverses raisons. Ces raisons peuvent émaner de mes propres limitations, comme de sensations ou émotions ressenties de manière négatives, que sais-je... Je me rends compte que cela arrive assez rarement. Au pire, je reste indifférente mais il est rare que je ressente une vive répulsion vis-à-vis d'une oeuvre. Et quand bien même, cela m'amènerait à réfléchir au pourquoi de cette répulsion sans forcément en tenir rigueur à l'artiste.

Il y a des personnes qui sont preneuses de tous ces avis et conseils, elles les recherchent même activement et s'en servent pour évoluer dans leur art. 

Et puis, il y a les autres (Comme moi), qui partagent mais qui ne demandent rien. Cela ne signifie pas récolter des "like" à tout bout de champ pour se maintenir dans un élan de "Je suis le meilleur créateur de tous les temps, regardez comme tout le monde aime ce que je réalise" ! Non.

Pour ma part, ce n'est pas le but recherché. C'est agréable d'avoir des réactions positives, des mots gentils de la part de personnes qui vous découvrent ou de celles qui vous suivent assidûment. Mais, c'est aussi savoir regarder en face le travail que l'on réalise ; c'est demeurer lucide ! Je ne suis pas là pour me bercer d'illusions, je sais quand mon travail n'est pas à la hauteur mais, je diffuse même les travaux pour lesquels subsiste un doute pour voir les réactions. Souvent, je suis surprise. 

J'ai été confrontée dernièrement à des échanges plutôt difficiles avec une personne qui souhaite à tout prix collaborer avec des artistes mais qui, étrangement, ne peut pas les voir en peinture. Oui, il s'agit souvent de peintres ou dessinateurs, selon lui, très égocentrés et susceptibles ; profiteurs ! 

J'ai réalisé plusieurs dessins à l'effigie de cette personne et à plusieurs reprises, mes dessins étaient trop ceci, pas assez cela : je le vieillissais, je le rendais triste, je marquais trop les ombres. Mais il aimait bien mon travail. Ah bon ? 

Evidemment, la collaboration a tourné court et c'est très bien. J'ai besoin d'aller de l'avant, pas m'appesantir sur des personnes qui axent leur vie sur des jugements multiples et variés à propos de tout et n'importe quoi, ne laissant place à aucune indulgence, uniquement reliées à leur propre nombril et s'imaginant que chacun pense de manière identique.

Cette personne qui m'indique être pour le partage à tout prix n'a à aucun moment, cherché à mieux me connaître tellement empressée de me faire savoir ses propres idées et avis sur tout. Les personnes qui s'écoutent à ce point sont énergivores et le temps me manque pour ce genre d'élucubrations à sens unique. 

Comme je suis dans une démarche d'amélioration continue pour mon propre compte, que je travaille à partir de ma propre technique, ces échanges m'ont plongée dans des interrogations diverses. Eh oui, je suis quelqu'un qui se remet continuellement en question et mon travail, sans être abouti, ne me déplaît pas. Peut-être justement parce qu'il n'est pas abouti....

C'est  vrai, j'aime cette candeur, ces émotions éparses, ces traits parfois forcés qui donnent une certaine force ! Mais je n'ai pas la prétention de croire que mes créations sont parfaitement réalisées. Je sais que je dois persévérer et continuer de travailler. Toutefois, après une année complète à dessiner quasiment chaque jour, je suis assez heureuse de constater que mon travail touche des personnes qui y sont sensibles. Et je les en remercie chaleureusement.

Je précise une dernière chose :

Je reconnais les vrais conseils venant de personnes qui me sont chères ou des personnes dont j'admire les travaux (Ou les deux) et ces conseils, je les garde au chaud.

Des conseils tels que le souhait que j'aille plus loin, que j'utilise d'autres supports et que j'aille vers des formes plus complexes etc. J'entends bien et oui, un jour, il est probable que j'aille vers cela. J'attends d'être prête et d'en avoir vraiment, vraiment envie !
Parce que je dois l'avouer, je vis une histoire d'amour avec l'encre pour le moment. Quand j'aime, je vais au bout des choses. Et puis d'ailleurs, quand j'aime profondément, c'est rare que je lâche l'affaire.




Et je vous laisse deviner quand je n'aime pas !




samedi 16 mars 2019

Des hommes se mettent à nu



Daniel
















Je commence mon article en écoutant de la musique et je tombe  sur "Imagine" de John Lennon. 


J'aime me dire que ce n'est pas pour rien, qu'il y a une raison à cela. Je ne crois pas au hasard ; absolument pas. 

Mon article de ce jour portera encore une fois sur les modèles. Toutefois, je vais me pencher sur les modèles masculins. 

"Instant dans la durée : tel est l'homme nu devenu allié de l'art, posant pour un peintre dont les dons attirent les regards qui seront sa récompense. Vous ne le connaissez pas... Qui est-il ? Vous ne le saurez pas ! Pourtant vous pouvez le voir, voir son corps. Ce qui pousse peut-être un homme à poser nu, c’est pour démontrer à quel point la dimension artistique peut triompher sur une critique de la silhouette du modèle. La fête du corps n'a pas d'âge. Vêtu de son manteau de transparence, l'homme qui se soumet à la nudité du silence, est une offrande de son moi véritable. Nudité absolue. Transparence voulue. Origine du vrai, origine de soi. Alchimique échange entre le peintre et son modèle. Sédimentation des présences. Ce corps nu est né des mains nues de l’artiste. Il a émergé de sa toile, né d'un enfantement d'une identification patiente. Il a reçu le sceau de son attention sans le confisquer. Elle a modelé ce corps, elle l’a signé de ses doigts. Elle a été dans le choix du sujet, la mise au point, tel un photographe. Il n'y a pas de truc dans sa peinture. Son chemin a construit la beauté, avec pudeur et respect de l'intimité de cet homme qui s'est soumis à la nudité du silence, offrande à l'artiste qu’elle est, de son moi véritable." Texte de Daniel

Il m'a fallu un petit temps pour m'y mettre, préférant travailler avec les femmes pour des raisons pratiques d'abord - les modèles femmes viennent à mon domicile pour poser, selon des critères qui me permettent d'être libre sans mes enfants autour, c'est bien normal. N'ayant pas d'espace professionnel dédié à mon travail, la solution est celle-ci. Pour celles qui sont proches géographiquement. 
Recevoir des hommes à mon domicile ne me parait pas opportun pour des raisons logiques. 

Je me contente alors, pour les hommes qui souhaitent collaborer avec moi, d'accepter qu'ils m'envoient des photos prises par eux-mêmes ou par une personne de leur choix. Et je travaille à partir des clichés essentiellement. 

C'est une démarche qui me demande d'être attentive, encore une fois, mais d'une manière un peu différente qu'avec les femmes. J'y mets encore beaucoup de bienveillance, mais aussi une grande pointe de réserve et de méfiance. 

Travailler sur le corps dans le domaine artistique est tout simplement incontournable. Mais je ne peux décemment pas me concentrer uniquement sur le corps féminin. Les courbes, les traits, les volumes sont infiniment intéressants mais je me dois d'explorer aussi le corps masculin - du point de vue d'un travail sur ma perception des contours, traits, volumes etc. Uniquement cela. 

Les modèles masculins aguerris l'entendent facilement. Ils ont une approche très délicate et me demandent de collaborer en ne s'imposant pas. Ils ont l'habitude de voir où se trouvent les limites. Ils  se sont souvent retrouvés malmenés dans leurs parcours de modèles face à des artistes masculins . Ils préfèrent de ce fait se tourner vers les artistes féminines, plus bienveillantes, selon eux. Tout est question de respect me semble-t-il. Le corps, quel qu'il soit n'est pas à dévaloriser ni à ramener à la sphère purement sexuelle. 

Alain.D 

Personnellement, quand je travaille avec les modèles, c'est un aspect auquel je ne pense pas. Je vois au-delà du sexe exposé, je ne fais que le représenter et avec mon regard, rien ne dit qu'il est identique à ce qu'il est en réalité. Par ailleurs, je ne prends pas spécialement plaisir à voir des femmes ou des hommes nus. 

Ma démarche est celle de sublimer le corps, de lui rendre hommage quelque soit sa morphologie, de lui permettre d'exister au regard de tous dans le respect du modèle qui accepte de se dévoiler. Et du coup, j'apprécie que les modèles qui viennent à moi aient un projet personnel, une démarche spécifique saine pour eux comme pour moi-même. 

Et quand je partage sur les réseaux sociaux, ce n'est pas sans une certaine appréhension. Autant j'y vais sans difficultés pour les modèles féminins, autant j'ai une pointe de réserve pour les modèles masculins. Pourtant, je ne vois pas pourquoi. 

Jean-Luc Barré
Les femmes sont très souvent représentées, tant et tant que tout le monde a l'habitude de voir des seins, des attitudes plus ou moins lascives, provocantes ou plus poétiques et généralement, on ne fait pas (trop) de vagues autour. 

Pour les hommes, ça m’apparaît plus délicat et pourtant, voir une représentation d'hommes nus me semble n'être que justice pour rétablir un certain équilibre. On n'en voit que peu, il me semble. 

J'aime bien lever les tabous parce que je ne les supporte pas. 

Il y a des réactions qui me laissent vraiment perplexe. Jérôme Tellier est un jeune peintre qui assume son univers où il représentent des hommes et des femmes heureux de vivre et d'aimer, dans une nature luxuriante. Il peint le sexe en érection, il montre ce que l’œil sociétal n'admet que difficilement. 

Pourtant, c'est la vie. Son travail interpelle parce qu'il ne fait pas de faux semblants, il va droit au but et sans hypocrisie. Et j'apprécie cela avant toute chose. 

Jean-Luc Barré
Mais mes limitations en tant que femme ayant un passé traumatique me rattrape. Je suis moi aussi quelquefois dérangée par ces images. L'art est un partage et nous fait remonter des émotions parfois violentes. Mais c'est très bien ainsi. C'est vital d'être confronté à elles pour avancer et évoluer. Et si ça nous tombe dessus, et que l'impression est si désagréable, c'est qu'il y a forcément quelque chose à travailler sur nous-mêmes. Ce sont des signaux qu'il est important de ne pas négliger. 

Et au lieu d'incriminer de tels canaux d'ouverture sur soi, parce qu'ils osent montrer de telles œuvres, regardons en nous-mêmes pourquoi ces travaux nous renvoient ces émotions-là. 

Par contre, je fais le choix de ne pas représenter de sexes d'hommes en érection ou des scènes érotiques voire pornographiques. C'est un choix réfléchi ; cela ne me dit absolument rien. Ne venez pas vers moi avec cette intention car ce sera un refus catégorique. 

David

Merci aux modèles en général d'oser se confronter à eux-mêmes.
De me permettre de travailler tout simplement. 
Ce partage est riche d'expériences et réalisé dans le respect mutuel. 





dimanche 27 janvier 2019

Nouvelle expérience émotionnelle et artistique


Modèle : Sweet Lola Delle

Depuis que j'ai enfin sauté le pas de collaborer avec mon amie Jolly Molly, une porte s'est ouverte tout à coup me laissant entrevoir un périmètre qu'il va  falloir appréhender avec beaucoup de bienveillance et de douceur. 

Je crois avoir déjà commencé, mais étant moi-même relativement sensible à cette nouvelle atmosphère, je m'y engage d'autant plus sérieusement. C'est une bienveillance et une douceur qui fonctionne dans les deux sens et je ne m'imposerai rien qui ne me convienne pas. C'est un travail qui demande d'être on ne peut plus en accord avec ses propres valeurs. Un rien peut me faire basculer du côté obscur de la force obscure. Si je le dis deux fois, c'est pour faire intégrer le degré d'obscurité quand je me sens quelque peu aux aboies. Chacun ses failles après tout. 

C'est une chose de dessiner des corps au hasard du net et c'est une chose de se dessiner soi-même. C'est encore autre chose de dessiner une amie et tout à fait une chose différente de dessiner des personnes que l'on ne connaît pas. 

Je précise : de dessiner des corps nus ! 

Modèle : Jolly Molly
Ce n'est pas une surprise, encore moins un secret. Cela fait quasiment une année complète que je pratique le dessin quotidiennement (Comment, c'est tout ?) (Pardon ? Déjà ??) et ma "technique" se résume à attraper un je ne sais quoi de vivant, ou plutôt de vibrant car c'est l'âme que je tente de toucher du bout de ma plume et de mes pinceaux... Autant dire que je travaille au niveau du presque insaisissable ! Et si l'âme du modèle veut bien se prêter au jeu, ce qui n'est pas aussi gagné qu'on pourrait le croire... 

Modèle : Laura S
Certes, on se dénude devant une tierce personne pour que celle-ci puisse capter l'essence même des contours d'un corps. Toutefois, il ne s'agit pas de n'importe quel corps puisque nous sommes tous uniques avec un passé, des souffrances souvent mal cicatrisées... Tout cela ressort plus ou moins et c'est à celui ou celle qui reçoit tout cela de "traiter" le sujet du mieux possible. C'est une responsabilité. Donc, certes, on se dénude, mais on ne dénude pas que le corps. On dénude une partie de soi et ce n'est pas anodin ni pour celui ou celle qui effectue cette action que pour celui ou celle qui doit en faire quelque chose d'artistique. 

Modèle : Laura S
Modèle : Sweet Lola Delle
Je suis particulièrement sensible à l'énergie émise par le sujet qui est devant moi. Et comme j'en suis à mes débuts, je reste très attentive, j'y mets ou j'essaye d'y mettre beaucoup d'empathie, de me mettre en retrait, d'instaurer un climat de confiance. Je suis là puisque je dessine ou je photographie le modèle qui se prête à cet exercice, à cette expérience riche de tout. Mais il est surtout question de la personne qui est là et qui s'expose. C'est aussi un cheminement qui regarde le modèle qui décide de se mettre à nu. 

Des modèles qui sont novices qui plus est. Qui font une demande spécifique pour avancer sur leurs propres chemins qui les amènera vers plus de confiance en elles-mêmes. C'est une démarche qui répare le corps et l'esprit. Mais je ne suis qu'un instrument lié à mon domaine artistique car je ne suis nullement thérapeute et ne souhaite pas me diriger vers cette voie. 





Émotionnellement, c'est aussi quelque chose d'incroyable pour moi. Pas de dessiner des corps nus, c'est une chose finalement naturelle, le corps étant nu avant d'être couvert d'étoffes. Mais ce qui est incroyable, c'est d'accueillir l'émotion brute de ces modèles connues ou inconnues, que ces émotions soient verbalisées ou pas. C'est un privilège.

Un droit à une certaine confiance pour peu que le feeling passe. Et s'il ne passe pas, c'est un peu difficile de collaborer.

Modèle : Laura S
Je ne suis pas en attente de modèles, je n'irai pas les chercher. J'attends sagement qu'on vienne à moi, qu'on me dise ce qu'on souhaite si, bien évidemment, mon travail touche. Pour moi, c'est essentiel. C'est une interprétation de ma part. C'est un travail que j'effectue avec mon instinct parce que je laisse de côté l'intellect. Je ne sais jamais comment sera un dessin, c'est toujours la surprise. 

Comme je l'ai dit quelquefois au travers d'articles précédents, l'encre associé à l'eau est incroyable ! Si surprenant puisqu'il s'opère un certain lâcher prise mêlé à une dose de maîtrise. Trop d'eau et rien n'est plus négociable. C'est un équilibre à trouver mais le côté "capricieux" de cette union permet à mon inconscient d'aller chercher l'âme du modèle et c'est ça qui est magique. 

 Je remercie Jolly Molly alias Myriam pour m'avoir ouvert cette porte et merci à ses amies de m'avoir fait confiance. 
Modèle : Jolly Molly







samedi 20 octobre 2018

Les aléas du trouble artistique





"Plutôt que d'imaginer en moi l'insatiable pimbêche
De mon regard hautain
De ma mine méprisante
Sache qu'en dedans je me sens douce comme une pêche
Camouflant mon âme fragile
Dans la peau d'une combattante."




J'associe assez facilement mes dessins à des états. Des états d'âme aussi. C'est vrai qu'on pourrait penser que c'est un peu comme de l'art thérapie, j'y mets ce qui a besoin de s'exprimer mais je ne crois pas qu'il faille tout réduire à cela. C'est d'abord l'expression. Ce qui doit être. Ce qui doit jaillir afin de permettre aux yeux de s'interroger sur son propre vécu, pas sur le mien. 

Non, cela m'est personnel, entendons-nous bien. 

"Tu as parfois l'impression 
d'avancer dans un brouillard épais, 
et lorsque tu te fais douce, ton coeur s'emballe. 
Mais tu te recroquevilles 
comme une fleur fragile 
dès qu'une bourrasque te bouscule.
Mais si jamais tu fermes les yeux, 
tu t'envoles en toi-même 
et tu finis par comprendre 
que le brouillard se dissipe 
quand tu parviens à faire la paix en toi."


Oui, c'est arrivé que je parle de certaines choses ; des abus notamment parce que je sentais à ce moment-là qu'il me fallait en parler, qu'il fallait sortir du fond d'un gouffre de honte cette part trop souvent vécue par les unes et les autres (Autres, pour démontrer que ce n'est pas qu'un mal dirigé vers le féminin). 

Qu'est-ce qui m'amène à sortir de ma torpeur, d'un silence supposé, d'une envie de soit-disant tout déballer si ce n'est ce désir viscéral de faire avancer le Monde ? Serait-ce uniquement du nombrilisme ? Serait-ce un manque cruel de pudeur ? 



A mort la pudeur ! 
A mort les a priori ! 
A mort les idées étriquées ! 
A mort les limitations ! 
A mort les raccourcis ! 



Ce sont toutes ces choses confondues qui nous ont enfermées dans des situations handicapantes et sclérosantes ! 

De l'air, pour respirer par pitié ! Des yeux pour voir ! Des peaux pour sentir !! Des émotions pour ressentir !

Je dessine pour m'ouvrir à la vie, aux émotions qu'elle suscite ! C'est cela qui m'attire prioritairement ! Je souhaite dénoncer ce qui n'a plus lieu d'être ! Je souhaite que chaque chose, chaque sentiment ou émotion soit reconnue à sa juste valeur et plus jamais tue de quelque manière que ce soit.



Je dessine du nu bien souvent. Pour quelles raisons au juste ? Parce que c'est un incontournable. Combien d'artistes ont travaillé autour de ce sujet particulièrement riche ? Peintres, sculpteurs, photographes... Tous confondus ont trouvé dans cette approche une manière de toucher la vérité. Ce qu'on est en soi, sans fioritures, sans voiles... Nus et vrais sans équivoque ! 

Ce n'est pas de la pornographie... Il me semble important de voir le corps et même la sexualité dans une dimension plus saine, c'est tellement plus que ça !

Pour moi, l'expression du corps doit passer par la libération des vieilles mœurs obsolètes, sans raison d'être qui nous limitent tant dans notre vie, encore de nos jours ! Moi, j'ai décidé de m'en délivrer parce que cette limitation m'a valu des souffrances, des non-dits révoltants ! 
Je hais les non-dits !

A mort les sujets tabous !

Est-ce vulgaire ? Ne l'est-ce pas ? Qu'est-ce que le vulgaire ? Est-il utile de se limiter à cette appréciation lorsqu'on admire une oeuvre ? Cela signifie t-il forcément que l'auteur de l'oeuvre a un problème sexuel ou que sais-je ? Doit-on forcément avoir un souci quelconque pour travailler sur le corps humain, que nous soyons homme ou femme ? Ne peut-on aimer et valoriser les espaces intimes du corps trop longtemps enfermés, cachés et même insultés ?! 

La vulgarité n'est que le reflet de la propre limitation de la personne qui la perçoit en tant que telle. 

Et non, je ne dessinerai pas de petits chatons dans un fond rose pour plaire au plus grand nombre. 
C'est un choix délibéré et assumé. 

Et pour bien mettre chaque spectateur à l'aise (ou pas), je souhaite l'éclairer sur un point : 

Oui, il m'arrive de me dessiner moi-même afin de travailler sur un modèle "libre de droits", à défaut d'oser demander à des ami.e.s de poser pour moi gratuitement. 

Si cela dérange, fermez les yeux et surtout, détournez-vous... Parce que je ne le ferai pas. 

Pour les autres, merci de comprendre que mon corps est juste dessiné, que rien n'est strictement identique et que je ne me prostitue pas en le faisant. 

C'est un corps comme un autre, un corps vivant, peuplé d'ombres et de lumière à sa surface comme en dedans ! 

L'ombre et la lumière, totalement complémentaires qui insufflent la vraie magie de la vie et ses mystères... 






mardi 2 octobre 2018

Naître Libre (Et le demeurer).


5 ans plus tard



Aujourd'hui est un jour très particulier. 

C'est avant tout, celui de mon enfant, 
De ma dernière née dont le prénom signifie 
"Lumière de la Terre" : Linoa.

C'est un jour qui m'a montré à quel point je pouvais être une personne forte, libre et déterminée.


C'est un jour où j'ai su dire "Stop" à l'emprise du corps médical sur le mien.


C'est le jour où j'ai pris le contrôle de ma vie et où j'ai pris cette responsabilité d'Être et d'accueillir la vie de la plus belle façon qui soit : Dans l'intimité de mon chez-moi. 

Une atmosphère apaisante, entourée de sages-femmes bienveillantes, douces et à l'écoute et du père de mes enfants, présent et acteur. 

Quand la vie m'apparaît comme un peu rude, je sors prendre l'air, je m'assieds sur le sol et je regarde autour de moi. 
Quand tout me semble vide de sens, je me reconnecte à la Terre et je me concentre sur l'étendue verte qui s'étale sous mes yeux ; ces petites tiges grasses pleines de chlorophylle qui sortent de terre ici et là. 



Du bout de mes doigts, je les caresse tout en les comprenant intérieurement. Elles poussent envers et contre tout, elles sont malmenées en permanence : 
Nous marchons dessus sans conscience, elles reçoivent les intempéries sans pouvoir s'en protéger...

Des raffales de vent qui les font se courber à l'infini, au soleil qui les assèche et à la pluie qui les nourrie. 

Je me dis qu'au fond, elles sont comme nous, elles essayent de tenir bon afin de se maintenir en équilibre. 

Jusqu'à la fin. 

Quand la vie m'apparaît comme un peu rude, il y a des jours comme aujourd'hui qui me rappellent que tout est question de choix. 


Il y a tout un tas d'Illustres qui se sont battus pour que nous ayons la possibilité de choisir. 

Et rien n'est totalement acquis, il ne faut jamais baisser la garde. 

J'ai bien failli ne pas vivre ce bonheur d'accoucher à la maison à cause de cette malheureuse "Chasse aux sorcières".

Le choix d'être heureux et en équilibre envers et contre tout est l'un des plus importants.

La nature montre la voie à suivre. 
Et la nature est si bien faite.


















lundi 20 août 2018

Sculpture naturelle



Il y a peu, je suis sortie me balader avec ma fille aînée. Je voulais me ressourcer comme souvent ; juste fuir le bruit, les mouvements désordonnés et l'enfermement. La nature est propice au repos et à la méditation. Nous nous sommes alors rendues dans un endroit que j'aime particulièrement, où je parviens de temps en temps à trouver calme et solitude. 

Des arbres, des fleurs, des herbes et la rivière qui court au milieu de tout cela. Ma fille et moi adorons les pierres précieuses et revenues bredouilles de notre tour de marché, nous sommes allées nettoyer celles en notre possession dans l'eau de la rivière. 

C'est à ce moment-là que je suis tombée sur un morceau de bois que j'ai tout de suite voulu prendre avec moi, avec cette impression sourde qu'il m'appelait (En même temps, un bout de bois n'est pas censé parler ni moi l'entendre... mais la communication s'établie parfois bien autrement).

J'aime quand la nature me fait ce genre de cadeaux : je collectionne les plumes, les écorces ou les pommes de pin et les entrepose en digne objets d'art. Les sculptures naturelles ou non également. 

J'ai trouvé celle-ci de toute beauté, remarquant des formes précises à partir de ses cavités, des ombres et des lumières ; ce morceau de bois sculpté par l'onde ne m'appelait pas pour rien, j'en étais convaincue. 

Je travaille beaucoup sur les formes humaines. J'aime énormément la nature mais j'aime aussi la nature humaine, même si parfois les humains me laissent perplexe en bien des occasions. Quoiqu'il en soit, que ce soit l'esprit, les corps visibles et invisibles, j'aime explorer cette part d'humain dans mes dessins. 













Aujourd'hui, j'ai donc décidé de collaborer avec la sculpture naturelle. Elle avait eu le temps de bien sécher sur ma terrasse et ce matin, je me suis souvenu qu'elle était là, à attendre que je daigne m'occuper d'elle. 

Elle a bien voulu poser pour moi. Elle s'est montrée douce et conciliante. 

Avec l'encre, je poursuivais le travail de l'onde au travers des traits de mon stylo plume et du mariage à l'eau, souligné par des ombres bien sombres réalisées à l'aquarelle. 

Des corps sont nés à partir du modèle à la pose endurante : corps masculins et féminins ; la nature fait des prodiges, nous le savons bien !


Corps allongé
En corps sublime








Une femme est née à partir de cette pose ô combien suave. 











Silhouette penchée










Une jambe qui semble se surélever pour permettre au corps de se pencher. On imagine alors la continuité des membres et une tête à peine esquissée.





Et on se rappelle d'où provient cette sculpture naturelle après être tombée du ciel, bien loin de l'arbre qui l'aura vue naître. On se remémore les conditions dans lesquelles on l'a retrouvée, au beau milieu des flots aux rigoles fortes et librement scabreuses. A t-elle vu beaucoup de paysage avant de m'accepter dans sa vie ?

Elle me souffle dans un murmure audible que par moi, que la vie est ainsi faite. Qu'aujourd'hui dans la chaleur de mon foyer elle pourra désormais couler des jours heureux et m'honorer de sa présence. Elle me dit aussi que la force de vivre est plus forte que tout.
Que l'espoir est toujours au bout du chemin.








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