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vendredi 30 octobre 2020

Chez les Arbres pour une séance photos avec Claudine Vigneron




Premier jour de reconfinement. 

Il est sans doute de bon ton de revenir à ce 12 août 2020 où je me suis rendue chez les Arbres avec Claudine

J'aime la nature, évidemment ; un lieu hautement spirituel où l'énergie circule : une bonne énergie, celle qui revigore, qui nettoie et qui apaise. C'est le lieu idéal pour se relier aux racines et au ciel.

La nature c'est le médecin sans médocs, c'est le psy sans thérapie, c'est l'antidote... 

Cette séance était attendue depuis longtemps faisant suite à l'opportunité de poser une toute première fois pour Claudine en novembre 2019 dans l'intimité de ma demeure. A ce moment-là, je passais de l'autre côté. J'étais celle observée, l'objet mis en lumière avec l'accompagnement bienveillant - il le fallait - de Claudine. J'avais un peu peur. C'est que je suis anxieuse de nature. 

Et ce 12 aôut, j'ai pris le train, puis le car et j'ai été plongée dans le vert. Moi qui déteste les transports en commun, moi qui déteste sortir de mon Antre, je suis allée rejoindre le flou artistique qui m'est si familier pour m'y plonger un peu plus intensément au milieu des troncs, des branches, des feuilles tantôt sombres, tantôt luminescentes sous un soleil radieux mais "capricieux". 

Libre. 



La liberté semble sonner étrangement aujourd'hui. Mais ce jour-là, je me sentais libre. 

Libre de me mouvoir dans le plus simple appareil. Et au début, cela m'a semblé difficile. 

Et puis on oublie. On oublie qu'on est là, en plein milieu des Arbres qui observent indifférents à ce corps qui se déploie sur la mousse, se déplace parfois péniblement d'un endroit à l'autre, cherchant une pose naturelle qui le mette en valeur l'espace de quelques clics de Claudine râlant sur son appareil vieillissant. 

"C'est flou...!" 

Je me remémore cette matinée de liberté et la découverte des clichés qui s'en est suivi à la fin de notre séance. J'ai été surprise par la beauté de certaines photos, surprise de me voir ainsi en harmonie avec la nature luxuriante d'un été un peu tranquille, propice à l'ntrospection.

Claudine aimait bien mes poses, aimait bien le rendu général mais était déçue de cette séance "floue".

Pourtant, cela me semble finalement tellement logique. Comment cela aurait-il pu en être autrement ? Je suis depuis toujours dans un flou terrible, à ne jamais savoir ce que je fais vraiment, à ne jamais entrevoir le chemin de ma destinée... A avancer doucement voire très doucement en suspension sur un fil à peine visible d'où je peine à poser le pied. En manque d'équilibre constant... 


C'est un flou naturel qui me va naturellement !

Le choix de l'encre à travailler n'est pas anodin. L'encre diffus, l'encre qui se désagrège au contact de l'eau, qui s'efface, qui s'imprime par endroit... Qui s'exprime violemment parfois comme Indomptable. L'encre est ce flou et je suis l'encre...

A vrai dire, je me sentais bien dans cette avanlanche de verts, sous un soleil doux au creux de la broussaille. Malgré les piqures de moustiques par oubli de protection lors de cette intrusion chez les bêbêtes en tout genre, je me sentais chez moi sous les Arbres et je me disais intérieurement, qu'il est finalement possible de revenir à cette source et y boire accroché au sein de la Terre comme un nouveau né qui découvre la vie. 

Il m'a semblé revenir en mon centre ce jour-là. Et m'ancrer.

Et je me sentais libre d'être qui je suis. 




vendredi 31 janvier 2020

Le pouvoir de résilience d'LN Han




Il y a une personne que je suis depuis quelques mois via Facebook, qui me touche par son travail et sa personnalité. 

Sa recherche artistique est assez proche de la mienne : des choses à fouiller en soi, à nettoyer afin de pouvoir transcender le passé, les traumatismes et les maladies qui peuvent être en lien. C'est le pouvoir de résilience. 

Ne parle t-ton pas des maladies comme étant des raisons d'écouter plus attentivement notre corps qui dit où il a mal ? Chercher le mal à sa racine plutôt que de traiter uniquement les symptômes ? 

L'art permet, comme on le sait, de chercher à extirper les non-dits. A chercher en profondeur les éléments qui nous bloquent parfois, qui nous empêchent d'être vraiment nous-mêmes. On peut appeler cela de l'art thérapie si on veut. Peu importe tant qu'on arrive à exprimer ce qui a besoin de l'être. Et LN Han, par son approche nous dévoile ses souffrances et sa sensibilité. 


Je pense que je réalise mes peintures à l'encre et l'acrylique dans une démarche thérapeutique par rapport aux maladies auxquelles je suis confrontée (crohn et endométriose) ,et surtout par rapport à un passé douloureux et écorché (violence sexuelle, mémoire traumatique) contre lesquelles j ai du mal à faire face aujourd'hui.
Je suis persuadée que tout est lié
Au départ je voulais simplement faire connaître ces maladies avec ma peinture.Mais tout ça prend une autre tournure... Je m aperçois que le corps est mon sujet de prédilection ainsi que le rapport à l autre.

Je me souviens d'une période de son cheminement où elle travaillait sur les vagues. De hautes vagues qui submerge tout sur leur passage. Cela m'apparaissait vraiment comme un processus de nettoyage, quand tout est balayé, quand tout doit trouver peau neuve au fond de soi et aussi autour de soi. La vie est parfois comme un tsunami qui nous oblige à faire ce travail sur soi-même, à tout envisager autrement, à nettoyer profondément ce qui nous a forgé jusqu'à présent, tout revoir, tout changer. Les vagues de l'existence, avec les hauts et les bas, cet éternel recommencement qui nous contraint de réaliser que tout est cyclique et qu'avec la naissance arrive la mort et qu'après la mort, tout renaît... 


Ces démarches se font parfois assez inconsciemment, on est porté à travailler artisquement sur des éléments qui vont nous apporter quelque chose de particulier, alors il est primordial selon moi de se laisser porter et de voir où cela nous mène. 

Rien n'est jamais totalement figé et l'univers d'LN Han est porteur d'espoir, d'amour et de continuité. 



Merci à elle d'être un moteur supplémentaire dans cette phase de reconstruction de nous tous, car c'est en commençant par soi, qu'on change un Monde.




Profil d'HL Han sur Facebook : https://www.facebook.com/ln.han.146

mardi 27 août 2019

Couvrez ce sexe que je ne saurais voir...


Modèle : Ugo


Voici ce sujet qui revient en flèche car il pose décidément question et qu'au travers de mes rencontres au hasard du net, j'ai pu une fois encore, ouvrir un peu plus le voile de l'Esprit... 

C'est en découvrant l'univers de Rolland St-Gelais que tout m'a semblé soudainement prendre une autre dimension. Pourquoi ? Parce que Rolland est un modèle vivant, dont le corps n'est pas comme la plupart d'entre nous, c'est à dire qu'il a subit de graves malformations durant la grossesse (Son histoire ici) mais au lieu d'en avoir honte, au lieu de se cacher, il se montre et il délivre alors un message puissant à nous autres, à différents niveaux et je vais tenter de vous faire part de ma réflexion toute personnelle.

Avant toute chose, Rolland est venu vers moi après avoir découvert un dessin réalisé à l'encre et à l'aquarelle sur un groupe Facebook et il m'a demandé l'autorisation d'utiliser ce dessin, dont le modèle se trouve être Ugo, un artiste italien qui m'aide à travailler à partir de ses photos, pour un article sur son propre blog artistique dont je vous fais part ici :
Le corps humain est un support intéressant, par Rolland St-Gelais


Modèle : Julien
Après avoir parcouru son blog, j'ai vu des photos de toutes natures et j'ai été étonnée par la force qui en émanait. Pas parce que Rolland est différemment formé, mais plutôt par son naturel, son désir d'être et de se montrer présent envers et contre tout. Il a bien failli ne pas survivre, ne pas être là pour donner ce qu'il donne aujourd'hui au monde. Et dans ses photographies de nus, où parfois son sexe est en érection, où il arrive qu'il se mette en scène, il y a une volonté de dire que le sexe n'est pas un problème, que l'amour donné de cette façon n'est pas un problème non plus et c'est vrai.


Je pense que dans le handicap, c'est une notion souvent difficile à aborder et sans doute aussi absolument tabou, pourtant c'est une réalité qui ne devrait pas être niée. 

Moi, qui dessine à partir de photos de modèles nus, je dois dire que son message me destabilise un peu. Je pourrais finalement être facilement choquée de ses images, notamment celles dans lesquelles il se met en scène et où l'érotisme transparaît, mais quand je réfléchis bien, à quoi bon être choquée ?

Comme je l'ai mentionné dans de précédents articles, je ne reçois pas de modèles masculins pour des raisons pratiques d'abord : je n'ai pas d'atelier spécifique et cela me dérange de recevoir des hommes à mon domicile, alors qu'il m'est plus facile de recevoir des modèles féminins.
Et puis, pour des raisons très personnelles que j'évoque sans honte, je n'ai pas totalement confiance en la gente masculine ayant vécu des abus dans ma jeunesse qui laissent encore des traces aujourd'hui.

Il est possible que j'évolue à ce niveau et que je puisse un jour sortir de ma méfiance et même si je laisse toujours le bénéfice du doute lors de rencontres réelles ou sur la toile, je reste sur ma réserve et attends de voir où veulent en venir les hommes qui viennent à moi dans un but initialement artistique.

Mais pour en revenir à Rolland, il m'apparaît évident qu'il assume son corps, il assume sa différence et il assume aussi sa sexualité et son désir de prendre sa place en ce monde, chose que bien des hommes et des femmes, constitués de bras, de jambes, de langues et de menton, ont bien souvent un mal fou à faire... 

D'après une photo du modèle au visage atypique : Benoît Muller
Prendre sa place et assumer : C'est souvent dans l'art qu'il est possible de le faire, envers et contre tous, supportés par ses proches ou au contraire, pointés du doigt dans une certaine incompréhension et du jugement. 

Je sais que mon travail personnel choque certains de mes proches et peut-être se font-ils une idée de moi qui ne colle pas forcément à la réalité, mais cela leur appartient. Pour autant, je ne peux changer de trajectoire pour leur faire plaisir et j'ai décidé de me respecter. 

D'ailleurs, à ce propos, se respecter en se dévoilant, n'est-ce pas étrange ? La plupart du temps, dans la croyance populaire, on estime que pour se respecter, il faut au contraire tout cacher, ne surtout rien dévoiler parce que ce serait se mettre en danger. Et dans une certaine mesure, oui c'est dangereux. C'est dangereux parce qu'on sait qu'on se retrouve tout d'un coup jugé et parfois mis au piloris. 

Prendre sa place et assumer, c'est aussi être responsable.

Mais c'est
être belle ?

quoi

C'est être responsable de soi-même et des idées que l'on véhicule.

Et sortir du rôle de victime potentielle par les expériences que la vie nous impose.
Rolland nous le montre par sa détermination à être lui-même et ne rien cacher et je trouve cet acte on ne peut plus courageux parce que c'est une chose relativement difficile que d'être soi-même au sens large. La société, nos proches, la façon dont nous avons été éduqués ne le permettent pas réellement et il faut une grande force intérieure pour nous permettre de dépasser ces carcans et s'autoriser à laisser passer la lumière au lieu de se cacher à tout prix.

Les personnes qui décident de le faire ont l'air de se sentir bien mieux, d'être ce qu'elles sont au grand jour et c'est une forme de libération. C'est montrer leur authenticité, leur vraie valeur et c'est surtout  une volonté de se respecter. C'est donc faire un vrai choix éclairé et je ne peux que saluer ces initiatives.


Se respecter est une notion qui n'est pas si simple surtout quand on a eu cette idée persistante de croire que toute émotion, que tout sentiment n'avait aucune place et ce, dès le plus jeune âge. Nos besoins fondamentaux y compris celui d'être à sa bonne place ont été niés et c'est une problématique qui survient souvent très tôt, souvent dans la prime enfance :
Indésirables petits êtres trop bruyants, nous avons tout fait pour nous cacher et nous faire les plus discrets possible car...
Telle était la loi !

Il y a ceux qui s'y conformaient et qui sont devenus des adultes meurtris, se sentant incompris et particulièrement dociles et les autres, qui finalement par un hasard curieux s'en sont sortis avec moins de casseroles, du moins à première vue.

Alors, il est évident que prendre sa place dans de telles circonstances ne soit pas si aisé et montrer le meilleur de soi-même afin d'être accepté semble être la solution la plus viable mais dans laquelle il est tout aussi facile de se fourvoyer.


Modèle : Ginger Marilyn
"Miroir, ô mon Miroir, dis-moi que je suis la plus belle..."

Ou le plus charmant, le plus valable, le plus intéressant, le plus fun...

Et cette illusion nous rend chétif et en attente de validations que nous n'aurons jamais.

Etre beau (Et ne faisant pas trop de vagues) est une valeur étrangement mise en avant dans la société, si bien que nous en oublions l'essentiel. Etre beau ou belle n'est pas une qualité importante de mon point de vue car je place cette notion à un autre niveau. Qu'être beau ou belle ne garantit pas forcément le bonheur ; selon comment on se positionne, il peut être un avantage comme un frein.

D'après une photo de Romuald Bourdon - acteur

Il y a des personnes aux visages et aux corps dits atypiques ou hors normes, qui sont belles de mon point de vue et c'est très personnel. Elles ont une volonté féroce de se montrer telles qu'elles sont, et c'est précisément cela qui les rend belles.

Ce travail sur soi, aussi colossal soit-il est pourtant incontournable (encore une fois de mon point de vue) parce qu'il permet de se diriger vers l'acceptation de ce que nous sommes dans tous nos aspects, qu'ils soient bons, moins bons, sombres ou lumineux. Nous sommes qui nous sommes, et nous devons nous réaliser pour trouver enfin cette place qui nous convienne. S'il nous est si difficile de nous accepter, de nous aimer tels que nous sommes, de nous autoriser à être, nous continuons à vivre en sous-régime et à penser que nous subissons notre vie. C'est de la survie et non la vie telle que nous méritons de la vivre.

J'ai choisis mon domaine d'expression et je me libère peu à peu de mes limitations et de tout ce qui m'entrave.  L'art est un outil merveilleux pour ce faire et je m'en sers allègrement pour avancer et évoluer, tenter d'apporter des éléments de réponses et d'en obtenir aussi lors de partages avec d'autres personnes qu'elles soient artistes ou non.

Je remercie infiniment toutes les personnes qui me permettent d'avancer et de comprendre.


3 Photos retouchées par Karl Hungus





Photo de moi vue par moi-même où je montre sans dévoiler.

jeudi 27 juin 2019

Culture : des silences et des cris - Arthurine Vincent






La culture passe aussi par le plaisir de découvrir ce que réalisent d'autres artistes et c'est un univers particulier dans lequel j'ai plongé le temps de lire le livre D'arthurine Vincent : des silences et des cris des éditions La danse des mouettes.

Parsemés de nouvelles, de peintures de l'auteure et d'un autre artiste, Marjan, de textes courts, qui tous, étreignent profondément, instaurent un certain malaise et surtout, m'ont fait ressentir beaucoup d'empathie vis-à-vis de ces âmes enfermées à l' hôpital psychiatrique...






Ces écrits laissent des traces et posent question sur ce que peut être ce genre d'endroit vu de l'intérieur. Y entrer de cette façon et se rendre compte de ce que peut ressembler des journées qui se succèdent et se ressemblent toutes, en laissant au passage le sentiment d'être chanceux de n'y avoir jamais mis un orteil, même quand tout semblait sans espoir... 

Je m'interroge sur cette supposée folie. 
La faiblesse de n'être que des êtres humains qui perdent pied momentanément. 
Mais sont-ils vraiment fous ?
On peut tous être fou à un moment donné, non ?
Chacun de nous peut sombrer, descendre si bas que tout semble incongru même l'idée de vouloir s'accrocher à la vie... 
Les médicaments et l'isolement sont-ils vraiment une solution ? Ces personnes ont-elles vraiment besoin de ce genre d'accompagnements ? N'y aurait-il pas une autre façon de faire ? Tout cela m'interroge et j'ai mon idée. 



Dire que ce livre m'a touchée n'est pas assez proche de la vérité. Il m'a troublée, la colère est montée par moment. Et l'écriture est fluide, belle ; libre au fond. 

Les peintures sont toutes poignantes comme les quelques photos qui jalonnent le livre et qui dépeignent la souffrance ressentie. 

Tout cela a fait remonter un tas de souffrances personnelles, des pensées similaires à celles de ces "détenus", des choses glauques où l'art m'a permise de tenir bon grâce à l'écriture, au dessin, à l'expression de mes émotions. 

Mais grâce également aux amis qui savent être présents dans ces moments de tortures mentales. 
Nul besoin d'enfermement, nul besoin de médicaments. 
Pour les cas plus "graves", là encore, j'ai tendance à penser que d'autres solutions pourraient être envisagées. 


Ton silence est plein de mots -
Arthurine Vincent

Dans mes moments sombres, j'ai pu remonter grâce à mes dessins et peintures. En laissant s'échapper mes larmes, mes pensées, et mes émotions bloquées. Et j'étais libre.

Et je suis toujours là pour en témoigner.

Âme délicate -
Amani Lizah Glaise
Âme Immolée -
Amani Lizah Glaise
Ectoplasme -
Amani Lizah Glaise
Merci à l'auteure du livre que j'apprécie beaucoup. 
Son livre et son art sont un trésor à mes yeux.


jeudi 4 avril 2019

De passages en pas sage




Petite fille aux yeux qui brillent, 
s’imagine plus tard
En princesse ou en guenilles - 
Soumise ou insoumise, 
Espérant échapper au pire des mitards.

Petite drôle dans la nuit fraîche, 
Ignorant les Esprits qui caracolent
Dans des cris stridents inaudibles ;
Elle emprisonne le Soleil, s’interdit de dormir 
Puis écarquille ses yeux autant qu’il lui est possible.

Les années passent et elle imagine l’enfant
Qu'elle n’aura peut-être pas, 
L’expulsant de son corps dans un silence poignant, 
Retenant ses larmes et
Les remous de ses hurlements.

Devenue Femme, mains dans le dos, 
Silencieuse et morne, 
plus morte que vive ; 
Femme aux cheveux lâchés, mèches fines 
Couleur sanguine ;
Elle se laisse entrevoir 
Dans le jour et dans le noir.

Elle déambule 
Pour qu’il ne distingue que des courbes qui ondulent
Ne dévoilant d'elle que des monts et vallées. 
Du ciel, il descend et se blottit sans parler.

Il rêve comme un corbeau. Et il devient ce corbeau.

Et de libre elle devient proie, 
Lui rongeant jusqu’aux entrailles son allée sinueuse, 
Brisant son antre, 
Modifiant son ADN. 
Son beau corps ne devient plus que haine.

Elle se fuit dans la honte 
Car elle croyait au rêve. 

Elle déchire les photos en reniant son passé et 
Détruit la vie de celui qui aurait pu naître.

Puis, elle prend conscience de l’utilité
D’un karcher ancestral : 
Avorte de ses préceptes et 
Des maux de ses ancêtres. 

Elle annule toutes ces lois et 
Ces vœux maudits proférés par ignorance 
Qui la suivent comme une ombre 
Pour la dévorer en silence.

Elle finit seule, loin des foules - 
Des océans humains - 
Loin de la houle, 
Sans maris ni maîtres.

Arrivant au sommet de la grande colline 
Où le lait invisible de ses seins dégouline, 
C'est armée jusqu’aux dents 
D’un Amour inavouable
Pour elle-même, 
Qu'elle soupire sereinement et 
S’assied sur le sable.

Amani Lizah Glaise.


samedi 16 mars 2019

Des hommes se mettent à nu



Daniel
















Je commence mon article en écoutant de la musique et je tombe  sur "Imagine" de John Lennon. 


J'aime me dire que ce n'est pas pour rien, qu'il y a une raison à cela. Je ne crois pas au hasard ; absolument pas. 

Mon article de ce jour portera encore une fois sur les modèles. Toutefois, je vais me pencher sur les modèles masculins. 

"Instant dans la durée : tel est l'homme nu devenu allié de l'art, posant pour un peintre dont les dons attirent les regards qui seront sa récompense. Vous ne le connaissez pas... Qui est-il ? Vous ne le saurez pas ! Pourtant vous pouvez le voir, voir son corps. Ce qui pousse peut-être un homme à poser nu, c’est pour démontrer à quel point la dimension artistique peut triompher sur une critique de la silhouette du modèle. La fête du corps n'a pas d'âge. Vêtu de son manteau de transparence, l'homme qui se soumet à la nudité du silence, est une offrande de son moi véritable. Nudité absolue. Transparence voulue. Origine du vrai, origine de soi. Alchimique échange entre le peintre et son modèle. Sédimentation des présences. Ce corps nu est né des mains nues de l’artiste. Il a émergé de sa toile, né d'un enfantement d'une identification patiente. Il a reçu le sceau de son attention sans le confisquer. Elle a modelé ce corps, elle l’a signé de ses doigts. Elle a été dans le choix du sujet, la mise au point, tel un photographe. Il n'y a pas de truc dans sa peinture. Son chemin a construit la beauté, avec pudeur et respect de l'intimité de cet homme qui s'est soumis à la nudité du silence, offrande à l'artiste qu’elle est, de son moi véritable." Texte de Daniel

Il m'a fallu un petit temps pour m'y mettre, préférant travailler avec les femmes pour des raisons pratiques d'abord - les modèles femmes viennent à mon domicile pour poser, selon des critères qui me permettent d'être libre sans mes enfants autour, c'est bien normal. N'ayant pas d'espace professionnel dédié à mon travail, la solution est celle-ci. Pour celles qui sont proches géographiquement. 
Recevoir des hommes à mon domicile ne me parait pas opportun pour des raisons logiques. 

Je me contente alors, pour les hommes qui souhaitent collaborer avec moi, d'accepter qu'ils m'envoient des photos prises par eux-mêmes ou par une personne de leur choix. Et je travaille à partir des clichés essentiellement. 

C'est une démarche qui me demande d'être attentive, encore une fois, mais d'une manière un peu différente qu'avec les femmes. J'y mets encore beaucoup de bienveillance, mais aussi une grande pointe de réserve et de méfiance. 

Travailler sur le corps dans le domaine artistique est tout simplement incontournable. Mais je ne peux décemment pas me concentrer uniquement sur le corps féminin. Les courbes, les traits, les volumes sont infiniment intéressants mais je me dois d'explorer aussi le corps masculin - du point de vue d'un travail sur ma perception des contours, traits, volumes etc. Uniquement cela. 

Les modèles masculins aguerris l'entendent facilement. Ils ont une approche très délicate et me demandent de collaborer en ne s'imposant pas. Ils ont l'habitude de voir où se trouvent les limites. Ils  se sont souvent retrouvés malmenés dans leurs parcours de modèles face à des artistes masculins . Ils préfèrent de ce fait se tourner vers les artistes féminines, plus bienveillantes, selon eux. Tout est question de respect me semble-t-il. Le corps, quel qu'il soit n'est pas à dévaloriser ni à ramener à la sphère purement sexuelle. 

Alain.D 

Personnellement, quand je travaille avec les modèles, c'est un aspect auquel je ne pense pas. Je vois au-delà du sexe exposé, je ne fais que le représenter et avec mon regard, rien ne dit qu'il est identique à ce qu'il est en réalité. Par ailleurs, je ne prends pas spécialement plaisir à voir des femmes ou des hommes nus. 

Ma démarche est celle de sublimer le corps, de lui rendre hommage quelque soit sa morphologie, de lui permettre d'exister au regard de tous dans le respect du modèle qui accepte de se dévoiler. Et du coup, j'apprécie que les modèles qui viennent à moi aient un projet personnel, une démarche spécifique saine pour eux comme pour moi-même. 

Et quand je partage sur les réseaux sociaux, ce n'est pas sans une certaine appréhension. Autant j'y vais sans difficultés pour les modèles féminins, autant j'ai une pointe de réserve pour les modèles masculins. Pourtant, je ne vois pas pourquoi. 

Jean-Luc Barré
Les femmes sont très souvent représentées, tant et tant que tout le monde a l'habitude de voir des seins, des attitudes plus ou moins lascives, provocantes ou plus poétiques et généralement, on ne fait pas (trop) de vagues autour. 

Pour les hommes, ça m’apparaît plus délicat et pourtant, voir une représentation d'hommes nus me semble n'être que justice pour rétablir un certain équilibre. On n'en voit que peu, il me semble. 

J'aime bien lever les tabous parce que je ne les supporte pas. 

Il y a des réactions qui me laissent vraiment perplexe. Jérôme Tellier est un jeune peintre qui assume son univers où il représentent des hommes et des femmes heureux de vivre et d'aimer, dans une nature luxuriante. Il peint le sexe en érection, il montre ce que l’œil sociétal n'admet que difficilement. 

Pourtant, c'est la vie. Son travail interpelle parce qu'il ne fait pas de faux semblants, il va droit au but et sans hypocrisie. Et j'apprécie cela avant toute chose. 

Jean-Luc Barré
Mais mes limitations en tant que femme ayant un passé traumatique me rattrape. Je suis moi aussi quelquefois dérangée par ces images. L'art est un partage et nous fait remonter des émotions parfois violentes. Mais c'est très bien ainsi. C'est vital d'être confronté à elles pour avancer et évoluer. Et si ça nous tombe dessus, et que l'impression est si désagréable, c'est qu'il y a forcément quelque chose à travailler sur nous-mêmes. Ce sont des signaux qu'il est important de ne pas négliger. 

Et au lieu d'incriminer de tels canaux d'ouverture sur soi, parce qu'ils osent montrer de telles œuvres, regardons en nous-mêmes pourquoi ces travaux nous renvoient ces émotions-là. 

Par contre, je fais le choix de ne pas représenter de sexes d'hommes en érection ou des scènes érotiques voire pornographiques. C'est un choix réfléchi ; cela ne me dit absolument rien. Ne venez pas vers moi avec cette intention car ce sera un refus catégorique. 

David

Merci aux modèles en général d'oser se confronter à eux-mêmes.
De me permettre de travailler tout simplement. 
Ce partage est riche d'expériences et réalisé dans le respect mutuel. 





samedi 20 octobre 2018

Les aléas du trouble artistique





"Plutôt que d'imaginer en moi l'insatiable pimbêche
De mon regard hautain
De ma mine méprisante
Sache qu'en dedans je me sens douce comme une pêche
Camouflant mon âme fragile
Dans la peau d'une combattante."




J'associe assez facilement mes dessins à des états. Des états d'âme aussi. C'est vrai qu'on pourrait penser que c'est un peu comme de l'art thérapie, j'y mets ce qui a besoin de s'exprimer mais je ne crois pas qu'il faille tout réduire à cela. C'est d'abord l'expression. Ce qui doit être. Ce qui doit jaillir afin de permettre aux yeux de s'interroger sur son propre vécu, pas sur le mien. 

Non, cela m'est personnel, entendons-nous bien. 

"Tu as parfois l'impression 
d'avancer dans un brouillard épais, 
et lorsque tu te fais douce, ton coeur s'emballe. 
Mais tu te recroquevilles 
comme une fleur fragile 
dès qu'une bourrasque te bouscule.
Mais si jamais tu fermes les yeux, 
tu t'envoles en toi-même 
et tu finis par comprendre 
que le brouillard se dissipe 
quand tu parviens à faire la paix en toi."


Oui, c'est arrivé que je parle de certaines choses ; des abus notamment parce que je sentais à ce moment-là qu'il me fallait en parler, qu'il fallait sortir du fond d'un gouffre de honte cette part trop souvent vécue par les unes et les autres (Autres, pour démontrer que ce n'est pas qu'un mal dirigé vers le féminin). 

Qu'est-ce qui m'amène à sortir de ma torpeur, d'un silence supposé, d'une envie de soit-disant tout déballer si ce n'est ce désir viscéral de faire avancer le Monde ? Serait-ce uniquement du nombrilisme ? Serait-ce un manque cruel de pudeur ? 



A mort la pudeur ! 
A mort les a priori ! 
A mort les idées étriquées ! 
A mort les limitations ! 
A mort les raccourcis ! 



Ce sont toutes ces choses confondues qui nous ont enfermées dans des situations handicapantes et sclérosantes ! 

De l'air, pour respirer par pitié ! Des yeux pour voir ! Des peaux pour sentir !! Des émotions pour ressentir !

Je dessine pour m'ouvrir à la vie, aux émotions qu'elle suscite ! C'est cela qui m'attire prioritairement ! Je souhaite dénoncer ce qui n'a plus lieu d'être ! Je souhaite que chaque chose, chaque sentiment ou émotion soit reconnue à sa juste valeur et plus jamais tue de quelque manière que ce soit.



Je dessine du nu bien souvent. Pour quelles raisons au juste ? Parce que c'est un incontournable. Combien d'artistes ont travaillé autour de ce sujet particulièrement riche ? Peintres, sculpteurs, photographes... Tous confondus ont trouvé dans cette approche une manière de toucher la vérité. Ce qu'on est en soi, sans fioritures, sans voiles... Nus et vrais sans équivoque ! 

Ce n'est pas de la pornographie... Il me semble important de voir le corps et même la sexualité dans une dimension plus saine, c'est tellement plus que ça !

Pour moi, l'expression du corps doit passer par la libération des vieilles mœurs obsolètes, sans raison d'être qui nous limitent tant dans notre vie, encore de nos jours ! Moi, j'ai décidé de m'en délivrer parce que cette limitation m'a valu des souffrances, des non-dits révoltants ! 
Je hais les non-dits !

A mort les sujets tabous !

Est-ce vulgaire ? Ne l'est-ce pas ? Qu'est-ce que le vulgaire ? Est-il utile de se limiter à cette appréciation lorsqu'on admire une oeuvre ? Cela signifie t-il forcément que l'auteur de l'oeuvre a un problème sexuel ou que sais-je ? Doit-on forcément avoir un souci quelconque pour travailler sur le corps humain, que nous soyons homme ou femme ? Ne peut-on aimer et valoriser les espaces intimes du corps trop longtemps enfermés, cachés et même insultés ?! 

La vulgarité n'est que le reflet de la propre limitation de la personne qui la perçoit en tant que telle. 

Et non, je ne dessinerai pas de petits chatons dans un fond rose pour plaire au plus grand nombre. 
C'est un choix délibéré et assumé. 

Et pour bien mettre chaque spectateur à l'aise (ou pas), je souhaite l'éclairer sur un point : 

Oui, il m'arrive de me dessiner moi-même afin de travailler sur un modèle "libre de droits", à défaut d'oser demander à des ami.e.s de poser pour moi gratuitement. 

Si cela dérange, fermez les yeux et surtout, détournez-vous... Parce que je ne le ferai pas. 

Pour les autres, merci de comprendre que mon corps est juste dessiné, que rien n'est strictement identique et que je ne me prostitue pas en le faisant. 

C'est un corps comme un autre, un corps vivant, peuplé d'ombres et de lumière à sa surface comme en dedans ! 

L'ombre et la lumière, totalement complémentaires qui insufflent la vraie magie de la vie et ses mystères...