Petite fille aux yeux qui brillent,
s’imagine plus tard
En princesse ou en guenilles -
Soumise ou
insoumise,
Espérant échapper au pire des
mitards.
Petite drôle dans la nuit
fraîche,
Ignorant les Esprits qui caracolent
Dans des cris
stridents inaudibles ;
Elle emprisonne le Soleil, s’interdit de
dormir
Puis écarquille ses yeux autant qu’il lui est possible.
Les années passent et elle imagine l’enfant
Qu'elle n’aura peut-être pas,
L’expulsant de son corps dans un silence
poignant,
Retenant ses larmes et
Les remous de ses
hurlements.
Devenue Femme, mains dans le dos,
Silencieuse et morne,
plus morte que vive ;
Femme aux cheveux lâchés, mèches fines
Couleur
sanguine ;
Elle se laisse entrevoir
Dans le jour et
dans le noir.
Elle déambule
Pour qu’il ne distingue que
des courbes qui ondulent
Ne dévoilant d'elle que des monts et
vallées.
Du ciel, il descend et se blottit sans
parler.
Il rêve comme un corbeau. Et il devient ce corbeau.
Et de libre elle devient proie,
Lui rongeant
jusqu’aux entrailles son allée sinueuse,
Brisant son antre,
Modifiant son ADN.
Son beau
corps ne devient plus que haine.
Elle se fuit dans la honte
Car elle croyait au
rêve.
Elle déchire les photos en reniant son passé et
Détruit la vie de celui qui aurait pu
naître.
Puis, elle prend conscience de l’utilité
D’un
karcher ancestral :
Avorte de ses préceptes et
Des maux de ses
ancêtres.
Elle annule toutes ces lois et
Ces vœux maudits
proférés par ignorance
Qui la suivent comme une ombre
Pour la dévorer en silence.
Elle finit seule, loin des foules -
Des océans humains -
Loin de la houle,
Sans maris ni maîtres.
Arrivant au sommet de la grande colline
Où le lait invisible de ses seins dégouline,
C'est armée jusqu’aux dents
D’un Amour inavouable
Pour elle-même,
Qu'elle soupire sereinement et
S’assied sur le
sable.
Amani Lizah Glaise.