lundi 5 avril 2021

- Art de vivre ou vivre de son art - Accouchement douloureux de l'Artiste -



Il me vient des questions existentielles
qui trouvent quelques réponses 
quand je les pose.
faut-il oser les déposer, 
notamment sur la toile 
où se lèvent les voiles 
dans lesquels mes doutes aiment se lover ?





Pourquoi un être, se disant "Artiste", se ressentant profondément "Artiste" pour des raisons multiples et je pense très profondes, comme quand on se sent attiré irrévocablement vers quelque chose, ne pourrait se sentir totalement légitime ? Il ne me semble pas qu'on puisse devenir tout à coup hétérosexuel, bisexuel ou gay... Je crois que cela se passe en soi, comme un appel. On est ce qu'on est !

Je dis cela, parce que je sais au fond de moi que c'est une réalité. J'ai souvent mis de côté cette réalité, comme ceux qui se nient si longtemps parce qu'ils ne veulent pas qu'on sache ce qu'ils sont vraiment. Ou bien parce qu'ils se sentent niés et préfèrent faire semblant d'être ce qu'ils ne sont pas, comme s'il y avait quelque chose de honteux d'être un artiste pur et dur, qui ne souhaite faire que ça de toute son existence mais qui n'ose pas assumer ce choix, le croyant trop utopiste ; inconcevable à moins d'avoir un véritable réseaux ou de naître dans un milieu qui favorise un essor artistique sûr.

Tous les bilans de compétences réalisés dans ma vie sont pourtant formels...




Je crois, que tout au fond de moi, j'ai toujours pensé qu'il m'était impossible de vivre de cette façon, beaucoup me l'ayant déconseillé me répétant qu'il fallait travailler dans des domaines très sérieux (Et donc pour moi, très ennuyeux), afin de pouvoir m'assumer matériellement parlant. 

C'est une vraie réalité mais un artiste de mon calibre ne l'aime pas tellement et je dirai même qu'il la fuit en se lovant, doute après doute dans des rouages d'existences fallacieuses, imaginant que cela suffira. 

Mais cela ne suffit pas. 

Afin de couper court à ces pérégrinations réfléxives qui ont tendance à ne mener véritablement nulle part, j'ai décidé de mettre à profit mon goût exacerbé pour un certain esthétisme visuel.

Ces dernières semaines se sont révélées plutôt intenses pour moi dans la confection d'un nouveau site ou plutôt d'une galerie pour mes peintures. Il s'agissait cette fois d'arriver à vendre en ligne, par le biais du petit bouton paypal pour une vente sécurisée. 

Amani Lizah Glaise - Galerie en Ligne

Peut-être en avais-je assez d'être noyée sur les galeries existantes, où personne ne se rend véritablement, même sur invitation, où la présentation est standardisée et les partages sur les réseaux sociaux parfois malaisés.

 Peut-être ne me sentais-je pas de candidater sur des galeries prisées par de véritables amateurs d'art, qui offrent un service de qualité mais qui ponctionnent aussi sur les ventes avec des commissions parfois allègrement élevées. 






Peut-être aussi ne me voyais-je pas, selon mon niveau de compétence et mon degré d'expérience dans le domaine des arts picturaux, afficher des prix exorbitants qui me permettraient de m'y retrouver un tant soit peu financièrement parlant. 

Je suppose, qu'entre toutes ces possibilités il y a un équilibre à trouver, comme d'habitude. 

Il est évident, qu'être artiste, ce n'est pas que créer. Il y a tout un univers à maîtriser. Il s'agit d'accepter de dévoiler son art, de recevoir des avis, des critiques parfois constructives, parfois inutiles et qui n'apportent rien sinon un peu de désarroi s'il on est du style à avoir un estime de Soi plutôt fragile. 





Mais enfin... il convient d'abord de croire en Soi. Croire que ce que l'on produit est la somme de tout ce qui fait qu'on est là, qu'on existe et qu'on se donne la peine de tenir crayons et pinceaux. La foi, donc. 

Mais il s'agit aussi et surtout de se vendre ! Notamment quand on décide de vendre son travail pour de vrai. Parce qu'il s'agit bien d'un travail. C'est bien comme cela que je vois ce que je fais depuis quelques années. Mais est-on commerçant ? Publicitaire ? 

Et une question qui me taraude depuis longtemps, surtout en ces temps troublés où le sujet fait rage : Est-ce que les hommes et les femmes perçoivent l'art comme quelque chose d'essentiel, ou de non essentiel... ? 

C'est un sujet qui touche particulièrement en ce moment avec la  crise sanitaire qui perdure et perturbe tous les corps de métiers, rendant les artistes de tous bords  aux revenus déjà aléatoires, particulièrement vulnérables sur la durée.





Il est évident aussi, que les sujets que j'évoque très souvent sont voués à amener vers une nouvelle conscience et que, de ce fait, cela devient un pari risqué que d'avancer sur un chemin plutôt teinté de spiritualité. 

Dans les esprits, la spiritualité est forcément liée à la religion mais dans mon esprit à moi, les deux sont dissociables. L'humain peut être spirituel et chercher sa voie, et ne pas être un fervant croyant tourné vers des dogmes anciens.



Je suis davantage tournée, pour ma part, vers une réflexion libre et éclairée par sa propre expérimentation. Je suis pour le libre arbitre et n'oblige personne à suivre mon chemin et rejette viscéralement ceux qui me forcent à me détourner du mien.

Retrouvez mes collections 2019 et 2020


Et la collection à prix tout doux


Collection 2019 - LES CUIVRES DANS LE NOIR




Collection 2020 - AU DELA DES APPARENCES





Galerie en ligne - Amani Lizah Glaise


Nous savons que les accouchements sont toujours merveilleux 
mais terriblement douloureux. 

Pour moi, ce sera quand même sans péridurale !


Je remercie chaleureusement

Les Expos Artémis qui reprennent du flambeau 
en mettant toujours les artistes sur le devant de la scène - 
Merci de m'avoir permise d'en être !

Entre Humains une initiative née en 2018 à Montréal, 
cherchant à créer, à faciliter et à encourager l’accès à l’expression artistique 
et à ses bienfaits pour tous.






mardi 26 janvier 2021

Amani : un parfum d’alchimie


 ( Réponse à « La belle saison hivernale de Bernard Abel » par Amani Lizah Glaise )



« Nez à nez ». Comme c’est joliment exprimé ! Une métaphore bien sûr, une façon de parler. En réalité, quelques mots échangés sur la toile, un jour d’été, et se révélant, au fil des échanges, comme d’inattendus sésames : clefs actionnant des portes nouvelles et ouvrant magiquement sur de nouveaux univers.

Oeuvre de Bernard Abel
Qu’est-ce qu’un univers artistique ? Une âme extérieure, une part de soi qui s’extériorise, qui s’exprime, qui s’exporte et qu’on rêverait, si possible, immortelle. Une sécrétion.

Nous sommes, au fond, des coquillages. Fragiles à l’intérieur, et nus, nous nous inventons une efflorescente coquille, sculpture de nacre fraternisant avec la pierre ; laquelle pierre en recueillera, un jour peut-être, l’empreinte fossile, l’image en creux, gage d’une immortalité plus grande encore.

L’immortalité. Sans doute nos vues divergent-elles à ce sujet. Nos univers, ici, s’observent, s’écoutent, se respectent et gardent leurs distances. Mais le soin maniaque dont nous entourons, toi et moi, nos artistiques sécrétions nous rapprochent, révélant, au-delà de ce qui nous sépare, une évidente communauté d’esprit, une évidente convergence.



La perfection est une lutte de toujours, un combat ancestral, une titanomachie opposant, à perpétuité, le permanent et le périssable. Ainsi nous acharnons-nous, tous les deux, au même et quotidien combat, dans l’espace clos de nos ateliers respectifs, revendiquant là le simple droit d’être nous-même, contre les rappels à l’ordre malheureusement trop constants de la réalité commune.

Appelons cela notre sauvagerie. C’est un mot que je t’emprunte. Sauvagerie ou encore perfectionnisme : c’est à peu près la même chose.

Ce perfectionnisme, nous le partageons, contre vents et marées. Il nous habite tous deux, nous confrontant aux mêmes exigences, engendrant, de part et d’autres, les mêmes déceptions, les mêmes frustrations ; et parfois aussi, espérons-le, les mêmes plaisirs. Tu ne te satisfais que rarement de ce que tu exprimes, je le sais, comme je me satisfais rarement, ainsi que tu l’écris si justement, de moi-même. Plus encore, tu doutes de toi. Une critique t’ébranle. Et ébranlé, qui ne le serait pas ?

Critiquer l’œuvre d’un artiste, c’est risquer de mettre à bas tout un pan de sa vie. Il arrive ainsi que nos pas s’accordent et se croisent. Autant dire que nous nous comprenons. Ou, plus exactement, que nous travaillons à nous comprendre.

Madone fossilisée -
Oeuvre de Amani Lizah Glaise

Il arrive encore qu’un thème nous rapproche au point, presque, de nous confondre. Ainsi cet intérêt partagé pour la représentation du corps féminin. Thème largement traité, il est vrai, dans le monde des arts plastiques, mais qui se pare, chez toi comme chez moi, il me semble, d’un accent particulier, d’une tension douloureuse qui confine parfois à une sorte de voluptueuse brutalité. Brutalité de ces sentiments trop intenses qui tétanisent les corps, qui les foudroient, qui les dévorent de l’intérieur.

Corps vécus plutôt que représentés. Corps centrés, concentrés sur eux-mêmes plutôt qu’en dialogue avec le monde extérieur.




Je relis à présent les lignes que tu me consacres et une image s’impose à mes yeux : Vénus, née d’un coquillage sous le pinceau de Botticelli, exposant au monde sa beauté fragile en attendant de s’élever, astre rayonnant, jusqu’au ciel. La beauté donc, la nudité, l’immortalité, tout cela réuni en une vision unique : un corps de femme. Tout cela et une chanson de Francis Cabrel « d’une beauté et d’une tristesse », écris-tu, «absolues ».

Je m’interroge. Pourquoi ces rapprochements ?

Il y a ta voix, bien sûr, qui, un certain soir d’hiver, s’est imposée à moi, sous la forme d’une chanson mythique, tragique. Et puis il y a ton visage, ton corps, qu’il t’est arrivé d’offrir au regard d’une parfaite photographe et qui m’a fait écrire, si je me souviens bien, que tu étais toi-même une parfaite œuvre d’art. Il y a ton peu de goût encore pour l’élément liquide, ainsi que tu me l’as un jour avoué, et qui te rapproche de cette Vénus, née, dit-on, de la mer, mais voguant prudemment, les pieds au sec, sur sa barque-coquillage.

Au fait, la chanson de Francis Cabrel serait-elle une métaphore, en forme de métamorphose, du destin de Vénus : divinité de chair, portée à incandescence dans la noirceur cuivrée de tes tableaux, et accédant, dans un « éclair blanc », à la clarté astrale d’une « nouvelle église » ? Qui sait.

Bernard Abel

24 janvier 2021