mercredi 18 mai 1994

Relations secrètes (1994)




Relations secrètes
1994

En décembre, au moment où tout le monde prépare les fêtes dans la petite ville de Méru, Thibault, professeur de français au collège du Thelle, rentre chez lui après une journée épuisante. Pressé de se réchauffer, il  court sur les trottoirs portant sa petite mallette bleue.
Professeur depuis deux ans, Thibault est aimé de ses élèves. Il arrive de Bretagne, où il est né la nuit du 24 octobre 1965 au bord de la mer. Sa mère, d’origine grecque s’était séparée d’un mari brutal et indifférent. Ce père, Thibault ne l’a pas connu. Il a vécu entouré de femmes, sa mère et ses deux sœurs aînées.

Puis, vint le moment pour cet homme de voir comment la vie était ailleurs. Après mûres réflexions, il décide à 25 ans de postuler en Picardie, région natale de son père, pour exercer dans un collège d’une ville en expansion.
Thibault, lors des ces deux années de contact avec ses élèves, avait fini par faire ses preuves et était ainsi devenu l’un des professeurs les plus appréciés du collège.

Auprès de ses élèves, Thibault est respecté et beaucoup aiment sa façon originale et simplifiée d’expliquer les règles de grammaire ou d’orthographe, si bien qu’après quelques mois de travail, les élèves avaient réussi pour une  bonne partie d’entre eux, les examens de fins d’année de troisième avec de belles mentions.

A côté de chez lui, un petit appartement rehaussé d’un escalier en colimaçon, des enfants d’une quinzaine d’années viennent en groupe pour bavarder, chanter ou lire. Ces groupes se composent de jeunes filles qui oublient volontiers leurs devoirs pour épier le jeune professeur assez séduisant. Dans ce petit groupe, une fille vraiment jolie a un air  si coquin  qu’on pourrait croire que Belzébuth s’en est  approprié le corps. Or, elle regardait presque innocemment le professeur rentrer chez lui, avec un sourire de satisfaction gêné, heureux d’être apprécié de ses élèves mais craintif de quelques harcèlements aussi naïfs qu’ils puissent être ou devenir.

Océane, fille aux cheveux noirs épais surveille attentivement Thibault à chaque fois qu’elle l’aperçoit. Quand il passe devant ce groupe, il ne peut échapper à ce regard terrible et si sensuel, qu’au fond de son cœur il ressent des déchirements. Cette petite fille, comme il préfère l’imaginer, vaut la plus belle femme du monde mais s’interdisant certaines réflexions, il coupe court à ses battements de cœur si indomptables en corrigeant les copies de ses meilleurs élèves.

Océane, assez réservée toutefois, ne parle guère ou peu. Elle est souvent là, en spectatrice. Le lendemain, seule, vers les sept heures du matin, la voici qui s’installe sur les marches de l’escalier qui mène à l’appartement de Thibault. Elle sait, pour l’avoir suivi souvent, que son professeur sort de chez lui à sept heures et demi pour se rendre au collège. Océane, se sentant finalement très embarrassée d’être aussi effrontée, prend la décision de se relever et de partir pour l’école sagement. Mais au moment même de cette résolution, la voici qu’elle tombe nez à nez avec Thibault qui la regarde étonné comprenant légèrement la situation intempestive.
-          Bonjour. S’enquit-il
-          Bonjour, monsieur.
-          Tu attendais quelque chose ?
Océane rougit furieusement, troublée et blessée dans son jeune amour propre. Thibault, mécontent lui aussi, s’essaye à être aimable mais n’y parvient que médiocrement.
-          Ne vas-tu pas au collège ? Pourquoi n’es tu pas avec tes amis ?
-          J’allais les rejoindre…
Sur ces mots, Océane se mit à dévaler les trois marches et à courir du côté opposé à son école. Thibault, frustré, ferme la porte de son appartement et en descendant les marches de l’escalier, se heurte au sac oublié d’Océane. Il se penche et le ramasse. Il cherche du regard la petite fille, pensant qu’elle s’était rendue compte de son oubli et serait revenue pour récupérer ses outils de travail scolaire.

Au collège, Thibault n’avait pas revu Océane de la journée. Il lui fallait pourtant rendre ce sac qui ne lui appartenait pas mais qui le faisait sombrer dans des réflexions profondes. Il avait envie de savoir ce qu’il contenait.

Sur le chemin qui le mène  chez lui, Thibault sent qu’Océane va revenir ou même, qu’elle l’attend déjà sur les marches de l’escalier. Il se pose alors des questions effarantes : va-t-il lui rendre son sac en lui recommandant de vite repartir ou va-t-il la faire entrer pour entamer une explication qui s’impose. Il n’est pas homme à se laisser harceler par des gamines. Il laisse faire mais n’approuve pas.
Océane l’attendait.

Thibault vient à elle mais ne sait pas quoi lui dire. Il lui tend son sac qu’elle remet sur son dos. Alors, Océane se lève d’où elle était assise et s’apprête à repartir.
-          Je voudrais te parler, Océane.
Il dit ceci d’un ton sec et presque autoritaire
-          Moi, je ne suis pas sûre de vouloir, répond-elle d’un air de défiance
-          Entre.
Océane, lève les yeux au ciel pour signifier son agacement, puis prend la résolution de suivre son professeur dans sa demeure. Thibault la mène jusqu’au salon et la fait asseoir sur l’un des fauteuils en face de lui.
-          Pourquoi venez-vous toujours rôder autour de chez moi ?
-          Comme ça, pour discuter.
-          Il y a tout de même d’autres endroits plus appropriés pour ça.
Thibault regarde Océane en se détendant légèrement.
-          Et toi, que venais-tu faire ce matin ?
Océane se renfrogne, baisse les yeux d’un air boudeur et refuse de répondre à une question qu’elle juge indiscrète. Mais Thibault, devinant les motivations de cette petite élève à présent désemparée, lui explique par quelques mots tranchants pour un pauvre cœur adolescent :
-          Il ne faut rien imaginer, Océane.
Elle lève la tête, le regard plein de doutes.
-          Comment pouvez vous dire ça ?
Au même moment, au dehors, la pluie fait son apparition. C’est alors qu’Océane, reprenant des forces grâce aux bienfaits de la nature et au soudain désappointement de Thibault, se relève du fauteuil pour marcher félinement à l’intérieur du salon, comme pour une reconnaissance.
-          Moi, j’ai le droit de vous aimer.
Thibault, tel une bête traquée, rougit, se sentant la proie de la petite diablesse doucereuse. Océane, se détournant, fixe son regard dominant sur son professeur devenu impuissant.
-          Je vais te raccompagner chez toi, il commence à se faire tard, dit-il pour se sauver d’une situation délicate.
La jeune fille ne parlant plus, se campe sur la table du salon.
Thibault, inquiet, se met à farfouiller ses poches sans avoir une réelle intention d’y trouver quelque chose.
-          Je vais te chercher une veste, attends-moi ici.
Lui sorti, Océane en profite pour se diriger vers les escaliers de la mezzanine et doucement les monte. Arrivée en haut, elle retire ses chaussures et se glisse dans le lit refroidi du matin.
-          Océane ! crie Thibault exaspéré
-          Je suis là ! souffle une petite voix
-          Arrête de faire la petite fille, descend maintenant et vite !
-          Non !
-       Il est tard Océane. Fais en sorte que je ne sois pas obligé de monter te chercher car je commence à trouver que tu exagères et ma patience s’épuise !
-          Ce n’est pas la peine de me parler sur ce ton là ! ça va je descends…
Au lieu de descendre, Océane se met à déboutonner sa jupe et à enlever sa veste grise. Thibault, inquiet et vert de colère, appréhendant le pire, monte les escaliers rapidement et voulant la gifler, sa main reste en l’air se rappelant sa position délicate due à sa profession et son âge. La petite étant chez lui, il n’aurait pas été convenable de faire du grabuge. Il  sait combien les enfants peuvent être impitoyables lorsqu’ils se sentent trahis.
-          Vous voulez me frapper ?
-        Non. Je veux que tu te rhabilles pour que je puisse te ramener chez toi. Tu ne rends pas compte de ce que tu me fais ? Imagine un peu que quelqu’un nous voit comme ça ?
Pour toute réponse, Océane baisse les yeux et se met à rire ce qui exaspère encore davantage  Thibault qui lui hurle :
-          Tu veux que j’aille en prison ?
Cette question fait sursauter la jeune fille qui se ne rendait pas compte de ses actes jusqu’ici. Une larme inespérée tombe de ses yeux.
-          Tout ce que je te demande, Océane, c’est de t’en aller et ne plus m’embêter. Tu comprends que j’ai des responsabilités... énormément...!
-          Vous n’avez qu’à être moche !
Thibault sourit.
-          Excuse-moi... Allez, fais ce que je te demande ; sois gentille !
Tout en se rhabillant, Océane demande :
-          Pourquoi vous ne voulez pas m’aimer ? C’est à cause de la différence d’âge ? Mais vous savez j’ai quand même quatorze ans !
-          Et moi, j’en ai presque le double… Comment veux-tu que… que je…
-          Que vous couchiez avec moi ?
Thibault rit nerveusement.
-          Bon, faut que je te ramène chez toi.
-        Il n’est pas si tard,  je peux rentrer seule. Il ne faudrait pas qu’on nous voie ensemble, ça pourrait jaser !


Une fois partie, Thibault rougissant encore de la mauvaise posture dont il venait à peine de sortir, arpente le salon et subitement s’assoit dans son fauteuil.

De son côté, la petite Océane, sur le chemin trempé, loin de la ramener par chez elle, s’abandonne à des réflexions les plus profondes et mesure enfin la dimension de l’inquiétante situation d’où elle venait de mettre son jeune professeur. Tout au long de la route, elle sent ses joues s’empourprer d’une honte infaillible et soudain, la petite fille blessée se met à détester cet homme qui a si lâchement repoussé ses avances. Par désir de se venger ou par peur de le revoir, Océane décide de ne plus venir aux cours de français, plus jamais.

Les jours suivant l’incident passé, la vie reprend son cours mais les choses au fond avaient changé. Thibault se refuse à croire que son élève reste absente à cause de lui. Cependant, un midi, dans la cour, il l’aperçoit, seule, assise sur un banc.
-          Elle vient au collège tout de même ! se dit-il.
Triste au fond du cœur, le professeur rentre chez lui mais pour ne penser que davantage à la petite sauvageonne si effrontée. Il s’assoit dans son fauteuil et fume  cigarette sur cigarette, le regard divaguant, ignorant totalement les dernières copies à corriger. Le moindre bruit de la maison lui donne à penser qu’Océane est derrière la porte d’entrée et que c’est elle qui frappe.
-        Mais que me fait cette gamine ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ? se met à maugréer Thibault, qu’ai-je donc fait pour mériter cela !
Tout ceci demeure sans réponse dans son esprit.

Un samedi, vers 17h, Thibault se balade dans un quartier calme et retiré de la ville, afin de calmer ses nerfs, mis trop souvent à bout depuis quelque temps. Inquiet et inélégant ce jour-là, il se reproche d’avoir usé de tant de sévérité envers Océane, une petite fille au cœur trop sensible comme toutes les petites filles… comme toutes les femmes…

Désappointé,  il s’imagine qu’elle le prend à présent  pour la pire des ordures de l’avoir traitée ainsi, refusant sans chaleur l’amour qu’elle osait lui témoigner.
-          Non, réfléchit-il, ce n’est plus une petite fille. Elle devient une femme… Ses réactions de femme sont normales…
S’asseyant sur un banc à proximité d’un lac, Thibault fixe le paysage ; son regard s’arrête à un tout jeune arbuste. Pensant toujours à sa situation, il ne s’entend pas prononcer d’une voix claire et pesante comme un reproche destiné à Océane et un blâme envers lui-même :
-          Réactions normales… mais elle n’a qu’à aimer des jeunes gens de son âge ! Elle ne peut pas me demander de l’aimer !
-          Vous parlez de moi ? siffle d’une voix menue Océane qui s’était approchée du banc sans faire de bruit.
Contrarié et ému, Thibault se retourne et aperçoit le visage enjoué de la petite harceleuse. A l’inverse, son regard d’homme outragé jusqu’à l’insulte se rembrunit sérieusement. Peur de céder, peur de tout, peur d’elle : peur réelle et inimaginable. Il avait peur de l’aimer déjà.

-          Bonjour, monsieur.
Thibault réalise au fond de lui-même qu’il est tombé amoureux de son élève et cherche un moyen d’être le plus intolérable possible avec elle.
-          Que fais-tu là ?
-          Mais nous sommes en pays libre, monsieur, et comme vous, je me balade.
Océane, souriant maintenant malicieusement, met une main sur le genou du professeur afin de lui ôter tous moyens d’être désagréable avec elle, et surtout pour l’intimider. C’était lui prouver qu’elle avait fini d’être une enfant.
-          Vous comptez me rejeter encore une fois ?
Thibault prend à présent le temps de la regarder ; de voir la couleur de ses yeux, l’épaisseur de ses cheveux noirs, le cou fin et blanc, les oreilles dégagées ornées de jolies créoles. Il sort une cigarette de son paquet, nerveusement, en propose une à Océane, se ravise et lui répond :
-          Non, ne crains rien.
-          Arrêtez de me dévisager, je vais finir par croire que je vous plait.
Son regard changeant d’expression, presque intimidée elle risque :
-          On serait peut être mieux chez vous…
Elle dit cela d’une voix faible, presque rauque et suave en même temps. Il n’y avait plus de doute à avoir ; c’était bien une femme dés lors. Quelle tentation irrésistible !

Océane, cette fois, le tenait serré dans son filet, l’empêchant d’en sortir ; il était à elle et elle n’avait pas peur.
-          Petite garce ! Quelle honte pour moi de t’aimer !
Thibault, fou de rage et d’amour l’emmène jusque chez lui pour oublier son âge à elle, sa profession à lui, ses engagements, sa faute toute entière, vile et méprisable. Il l’a veut, il l’a prendra et l’avenir dira le reste. Il s’est trop privé durant sa vie, menant un parcours irréprochable pour prouver à sa mère que tous les hommes n'étaient pas tous incapables... Mais, à cet instant, il ne pense qu'à dépuceler  cette petite Belzébuth et personne ne fera rien pour l'en empêcher !

Dans l’appartement, tout semble différent au regard d’Océane. Perdant d’un coup l’assurance qu’elle avait dans le parc, elle comprend que Thibault ne compte en aucun cas décliner l’invitation qu’elle a elle-même imposé. Il l’a considère désormais en femme, et entend qu’elle agisse ainsi.

Elle ne sait si elle doit regretter son geste et ses pensées car l’heure de devenir une vraie femme a sonné pour elle et cette fois-ci, c’en est fini des caprices et des enfantillages. Elle va apprendre à jouer dans la cour des grands.

Thibault, perdant toute raison et toute logique, s’enferme dans un univers amnésique où ce qui  compte le plus à l’instant, c’est le corps intouché encore de sa jeune proie toute disposée à l’amour. Du moins, le croit-il, ne sentant ni la peur et l’appréhension de la jeune fille devenue faible et sans réaction quant aux baisers brûlants et insoumis que lui prodigue son professeur. Il l’a débarrasse en un rien de temps de son blouson ; la pousse doucement et la fait s’appuyer contre le mur tout en l’embrassant. Lentement, Océane se sent dépouillée de tout son être sans oser ouvrir les yeux, ni crier le malaise grandissant au fond d’elle, tel un incendie commençant à se propager dans son corps.

Nue, honteuse de l’être, pudique, elle tente de se cacher imperceptiblement. Des larmes de détresse coulent de ses yeux et mouillent ainsi d’une eau salée les lèvres avides de Thibault qui se réveille soudain de son amnésie.
-          Je t’ai fait mal ? demande t-il confus.
Se dégageant de son étreinte, Océane s’éloigne apeurée, tremblante, désarmée et s’accroupie derrière le fauteuil pour cacher sa nudité.  Thibault réalise son erreur sans toutefois englober dans son esprit tous les problèmes de cette relation, la tête encore trop lourde et le cœur défaillant d’envie.
-          Mais qu’est-ce que tu as ?
Comme choquée, Océane se refuse à répondre. Elle ferme les yeux et pleure toujours la tête sur ses genoux.

Thibault, finissant par ne plus avoir l’esprit clair, la laisse pleurer et s’assoit sur le fauteuil en face sans la regarder. Il se remet à raisonner intérieurement.
-          Qu’est-ce que j’allais faire ? Mais je suis complètement fou d’avoir céder à une tentation aussi peu prudente. Où cela va-t-il me mener ? Je vais aller en prison pour abus sur mineure.
Il pose  un regard affligé sur la petite fille puis se remet à réfléchir de nouveau.
-          J’ai connu quelques femmes dans ma vie mais… mais toi Océane, tu es une enfant magique et délicieuse,  je l’admets… mais je suis trop vieux pour toi et je vais contre la loi…

Océane  relève la tête et aperçoit le visage défait, plein d’émotion et de remord de son professeur. Son désarroi semble aussi grand que sa honte et son dégoût pour lui-même.

Thibault se lève enfin de son fauteuil, va chercher dans sa chambre, en silence, une couverture pour Océane, afin qu’elle s’y enveloppe pour cacher ses jolies formes qui l’attirent irrésistiblement encore. Il se force à ne pas la regarder. Toutefois, Océane, se relevant, lui prend une main et dit dans ses sanglots :
-          Pardonnez-moi…
Lui, fâché surtout contre lui-même montre son désappointement.
-          Ne t’excuse en aucun cas, Océane. Tout est de  ma faute ; j’aurais dû me contrôler.

Elle, se sentant à la fois responsable et heureuse de rester une enfant, se met à suivre Thibault dans la cuisine.
-          Qu’allons-nous faire ? demande t’elle d’une voix presque angélique.
-          Tu vas boire un chocolat chaud et partir d’ici très vite avant que je ne redevienne une bête !
Océane sourit gentiment.
-          Je vous pose beaucoup de problèmes. Je suis désolée de vous en causer de si grands.
Lui, rassuré par le ton qu’emploie à présent Océane se risque à demander :
-          Tu peux garder cette histoire rien que pour toi ?
Elle, toute rougissante, pointe son nez vers le bas, humiliée.
-          Sans doute, souffle t’elle.
-          Il faut que je sois sûr, Océane ; à cause de cette histoire, je peux aller en prison ! Tu t’imagines un peu le risque que tu m’as fait prendre ?
Hors d’elle, Océane se lève brusquement de sa chaise.
-          Vous n’aviez qu’à vous contrôler, vous l’avez dit vous-même !
Thibault sourit ironiquement, se mordant les lèvres au sang pour éviter de lui tordre le cou.
-          Tu te fiches pas mal de ma vie, de mon honneur… ou du peu qui m’en reste !
-          Ne me criiez pas dessus ! dit-t-elle se rasseyant au bord des larmes.

Thibault ne supporte plus la position désavantageuse que lui laisse Océane. De nouveau impuissant, il avance vers elle et la prend dans ses bras comme un protecteur ami et non en tant qu’amant.
-          Je vous promets que je garderai le secret.
Presque heureux, Thibault se permet de l’embrasser sur le front.
Après ceci, il était naturel et nécessaire qu’Océane s’en aille de chez lui.

Le soir même, Thibault prend son courage à deux mains pour appeler sa mère en Bretagne, pour lui apprendre qu’il revient chez lui, auprès de sa famille. Eperdument reconnaissant du silence qu’il obtiendrait de son élève, il ne veut cependant pas tenter le diable et dépose sa démission au collège du Thelle afin d’éviter tout drame.

Thibault, de retour dans la maison qui l’a vu naître, se promet de ne plus jamais mettre les pieds en Picardie et d’oublier de surcroît son père, dont il voulait retrouver les racines, mais qui l’a abandonné sans honte ni reproche.

Unique difficulté pour le jeune professeur : oublier ce visage enfantin et ces cheveux épais et brun de la petite Belzébuth qu’il avait connu un jour…