jeudi 12 décembre 2019

De l'inadaptation de l'hypersensible




Se sentir en marge, complètement inadapté à la société, à contre-courant face à un flot d'individus qui avancent plus vite et qui vont là où on ne souhaite pas forcément se rendre... 
En tout cas... Pas comme ça... Pas de cette manière-là... 
On va faire des détours, on va y aller à un autre rythme, on va s'attarder, on va reculer... 

Se sentir constamment être trop ceci ou trop cela, s'interroger inlassablement sur les raisons de nos ressentis et le pourquoi de montrer une certaine liberté d'être (Vérité d'être aussi) et pas juste être quelqu'un d'important ou posséder un tas de choses... 

Cette période me ramène assez fort à tous ces aspects qui dénotent chez moi. Période faste avec les fêtes à venir, tout en sachant que tout le monde ne pourrait y prendre part de la même manière. Faire semblant d'être totalement heureux et présent avec des personnes joyeuses qui ne nous estiment pas réellement, pas totalement, qui nient volontairement ou involontairement les parts de ce qui fait qu'on est nous. Et on porte ces fameux masques que la société impose, parce qu'on nous a dit qu'il fallait festoyer à telles dates. Alors, dépensons notre énergie à dépenser, qu'on aie de quoi, ou pas... 

Ou bien,  et c'est peut-être là la clef, n'y voir que l'essentiel, le plaisir de faire plaisir avec des plaisirs simples, qui ne coûtent pas forcément si chers... Mais la course aux boutiques, aux jouets, aux parfums, à ce tout pas forcément très utile qui finit au fond des océans m'interpelle toujours un peu plus et m'enfonce dans un sentiment d'impuissance et d'incompréhension.

L'hypersensibilité peut parfois être vécue comme un fléau. Parce qu'on ressent tout de manière tellement exagérée, exacerbée ; tout est tellement énorme dans la façon de percevoir les gens, les expériences et la vie... Tout ça rend fragile, je crois. On n'a pas forcément la carrure pour tout supporter car tout est terriblement à vif. 

Ce qui égratigne certaines personnes peut amener une souffrance importante chez un hypersensible.

Mais toutes ces sensations, qu'elles soient physiques, émotionnelles, psychologiques nous amènent forcément à donner une part créative, à chercher une profondeur dans chaque chose, une analyse de tout : des êtres, des situations, des expériences de toutes natures et de soi. Et surtout de soi, parce qu'il y a beaucoup à nettoyer en soi-même.

Chaque mot de tiers, chaque attitude de l'entourage proche ou moins proche va être analysée, soupesée en permanence. Cela peut amener le chaos à l'intérieur, même quand on est dans une période faste, où la confiance tend à s'installer. 
Il suffit de très peu pour être ébranlé, que tout soit encore et encore remis en question, y compris quand on sait pourquoi on a pris tel chemin... C'est ainsi. Il faut l'accepter. 

J'oublie parfois que l'hypersensibilité est aussi une force et un moteur. 
Parce que c'est toujours plus facile de se concentrer sur les côtés purement négatifs d'un comportement notamment  lorsqu'on ne se sent pas adapté, ou mal adapté, quand on ne comprend pas tous les codes de la société, quand on a peur de se mélanger à la foule... D'aller au-delà des murs et des barrières que l'on se créé. 

Et on se sent ridicule car malgré tout, on aspire aussi à faire partie de ce Monde et à le faire tourner. 


Alors, oui ! 
L'hypersensibilité a un rôle précis à jouer. 
Elle permet de sentir tout ce qui nous entoure de façon très subtile 
Et cela nous rend fertile dans l'expression de ce tout. 

Quelqu'il soit. 

L'hypersensibilité tend les bras à tout ce qui est artistique.
L'art tend les bras aux hypersensibles qui ressentent tout de façon épidermique.




1 commentaire:

  1. En parcourant ce texte avec intérêt je fais une découverte essentielle à l'aube de mes 71 ans...je suis une hypersensible.

    Oui, tout ce que j'ai lu me ramène à mes propres vérités. Ces faux semblants, ce masque du "parfaitement intégrée", ces réajustements permanents pour ne pas faire "tache". Oh!!! Comme j'aimerais leur crier aux visages leur superficialité et me réfugier dans mon "royaume intérieur" où tout est compassion, amour et ou l'argent ne tient pas grande place.

    Alors il est vrai que l'Art m'a souvent permis de m'évader, de faire plaisir, de rendre heureux mais, même là je ne suis point à l'abri et tiens bon, n'écoutant pas les conseils, n'en faisant qu'à ma tête et selon mes envies.

    Je suis peut-être hypersensible mais, l'éponge que je suis, en demeurant inaccessible, est préservée en son coeur de toute l'eau boueuse.

    RépondreSupprimer

Un commentaire fait toujours plaisir !